La mélodie de l'arrivée [libre]

La barque arriva enfin à terme après une (trop) longue traversée qu'Aïzen avait passé la main dans l'eau sans s'intéresser plus que ça au trajet parcouru. En réalité elle avait un soucis qui la tracassait, quand sa tante l'avait confié à ce mec étrange, elle avait entendu une seconde voix dont elle n'arrivait pas à identifier l'origine mais qu'elle était sure de connaître...

"Et puis zut!"

Elle mit un coup de main rageur dans l'eau avant de lever pour la première fois les yeux de l'eau pour voir une île qui se rapprochait, elle poussa un léger soupir

Je suis où déjà? Ah oui une île à la c** qui est sensée servir à chez pas quoi

Puis malheureusement elle dut poser le pied à terre, prenant son sac sur son épaule, elle adressa un léger signe de tête au conducteur de la barque avant d'en sortir. Elle se redressa alors les cheveux pour dégager sa nuque afin d'y sentir le vent doux et frais. Elle leva alors les yeux vers le ciel, bleu clair et pur sans nuages. Puis elle ferma doucement les yeux.

Je sais plus ce que je suis sensée faire en arrivant....bah dans ce cas là il n'y a qu'une chose à faire je présume

Elle posa prudemment son sac à coté d'elle et en sorti une sacoche, assez grande et d'une forme particulière. Elle s'asseya alors sur le sable et commença à sortir sa harpe de son étui et , les yeux mi-clos, commença à en jouer, un son mélodieux s'éleva alors sur la plage déserte.

La mélodie qu'Aïzen jouait était une douce mélodie, calme, presque mélancolique. Elle avait voulu jouer une de ses mélodies préférées mais au bout de la première partie, elle avait commencé à composer elle même, au départ restant proche de l'originale puis s'en éloignant progressivement, tout en gardant une consonance très douce. Il se passa bien une bonne demi-heure ainsi, la tête légèrement penchée, les yeux-mi clos, sans personne pour la déranger, c'est un peu comme si elle était tombée au paradis des musiciens.
Le temps s'était comme arrête sur cette plage, et rien ne semblait arrêter la composition qu'elle trouvait de plus en plus audacieuse et forte, comme si la musique voulait raconter une histoire et qu'elle se servait des mains d'Aïzen pour la transmettre.
Soudain, le silence se troubla, la mélodie de la harpe n'était plus la seule chose qui le troublait hormis le léger clapotis des vagues. La provenance du bruit importait peu aux yeux de la musicienne qui ouvrit à peine plus les yeux, fixant le sable, toujours dans sa composition que rien de semblait pouvoir arrêter.
Soudain, elle sentit une sensation familière, elle avait un spectateur.

Saluons le comme il se doit

Elle ralentit légèrement le rythme de sa harpe pour percevoir sa respiration, sentant qu'il ou elle tentait d'écouter le plus attentivement possible, elle reprit son rythme initial continuant sa composition dont elle commençait à peine à percevoir le schéma, et ferma les yeux.
Plusieurs minutes passèrent encore avant qu'Aïzen sente venir la fin de sa composition, comme si l'histoire avant enfin trouvé sa conclusion, une histoire bien dure à décrire avec des mots, elle ne savait même pas si elle pouvait trouver des paroles qui iraient avec, cela semblait quasi impossible. Un dernier pincement de corde de harpe et le silence reprit son droit sur la plage.

Elle ouvrit lentement les yeux et regarda devant elle, soupirant de satisfaction, fière de cet air étrange qui lui laissa une douce sensation de mélancolie. Enfin elle soupira et se tourna vers son spectateur, en premier lieu pour faire la révérence traditionnelle de fin de concert en attendant sa réaction, puis le regarda enfin.

Ca alors, j'aurai jamais pensé jouer devant un tel spectateur...en fait je me doutais pas que quelqu'un comme ça pouvait aimer la harpe...

Ce n'était pas la peur qui dominait chez Aïzen en le regardant mais plutôt la surprise, sur le visage de son spectateur, une trace humide, eau de mer? Apparemment non. Larmes? Peut être...mais qu'est ce qui pourrait le faire pleurer? La trace de brulure sur son visage ainsi que son apparence lui laissa deviner qu'il n'avait eu un accident sans pouvoir pour autant en déterminer la nature. Peu importe, ce n'était pas son histoire après tout et puis...même s'il était bien plus grand qu'elle, assis comme ça à l'écouter, il semblait inoffensif alors manifester de la crainte ou de l'hostilité semblait superflu.

"Bonjour, j'espère que ma mélodie vous à plus, vous avez eu l'honneur d'assister à sa composition. Mais permettez moi de me présenter, je me nomme Aïzen et vous?"

Aïzen eut un très vague sourire, à voir l'attitude de son interlocuteur, il devait être peu habitué à entendre un tel solo...bien que si elle y réfléchissait, elle non plus n'était pas habituée à jouer dans de telles conditions, mais après tout peu lui importait. Il lui fit lui même une profonde révérence, surement pour lui témoigner son respect, même si l'usage aurait plutôt voulu qu'il applaudisse mais après tout peu importe, d'une manière ou d'une autre, il semblait vouloir témoigner qu'il avait apprécié sa musique alors comme toute bonne musicienne, elle acceptait cette marque de respect et, pour le témoigner, eut un mouvement de tête très gracieux.
Soigneusement, elle rangea sa harpe dans son étui et ferma les yeux, il lui était toujours si peu aisé de revenir dans ce monde après avoir joué...Après tout, comment revenir aisément dans cet univers si maladroit, là où il fallait bouger, respirer, vivre, alors que quelques minutes auparavant, elle ne sentait plus son corps, touchant la musique de ses doigts telle une invitation à un voyage sans retour? Pourtant, doucement le rêve se dissipait et Aïzen sembla réintégrer son corps, elle prit alors conscience que son spectateur lui parlait et se concentra pour en saisir les mots.

Elle comprit alors la proposition qu'il lui fit, et regarda l'embarcation...après tout faire ça ou autre chose, cela n'avait guère d'importance aux yeux de la musicienne et pour l'instant, elle n'avait guerre envie de partir en exploration de l'île alors l'océan lui sembla une bénédiction.

"Et bien, une telle proposition ne se refuse pas...Pygmalion"

Elle eut une légère hésitation avant de prononcer le "nom" de son interlocuteur car elle n'avait appelé personne par son prénom depuis...Fumi elle même très probablement. Cette pensée lui fit se mordre l'intérieur de la joue, pourquoi gâcher un moment de paix en pensant à une morte? Elle se ressaisit et rangea soigneusement l'étui dans son sac qu'elle remit sur son dos avant de se diriger d'un pas lent vers Pygmalion pour monter dans son embarcation.

Pygmalion se demanda un instant ce qu'il aimait le plus entre la mer et la musique.Cette question ne mit pas beaucoup de temps avant de trouver sa reponse.La musique était certes une chose magnifique, dont l'inspiration venait à l'origine de la nature, mais à ses yeux rien ne vallait le chant du vent dans le greement, le bruissement leger de l'eau glissant le long de l'etrave, le bouillonnement de la mer à la poupe, tout cela equivallait bien à un concerto, aussi mirifique soit-il.
Il n'etait pas difficile de comprendre ce choix.Pour lui qui avait toujours eu un degout profond pour la societé, ce qui l'avait conduit d'ailleurs à l'activisme écologique, la mer representait un magnifique reservoir de neutralité et de paix, l'ocean n'etant en fin de compte qu'une vaste etendue d'eau infinie, où chacun pouvait trouver sa place à la simple condition de la meriter.La mer etait un juge impartial et juste, tous y avait droit mais pas autorité sur elle, une force indomptable, sans pitié pour les arrogants et douce pour les poètes qui savent où est leur place et ce à quoi ils s'adressent.
Egalement depuis son accident il ne vivait plus de la meme façon à l'égard de ses congeneres.Il n'y avait plus de distinction homme-femme, ou à peu près, et si il l'invitait à monter à son bord c'etait uniquement pour lui faire partager l'insondable bonheur que procurait la glisse sur l'eau, poussé par une force invisible, c'était tellement grisant que lui-meme ne pouvait pas s'empecher parfois de regarder si il n'etait pas accroché à quelque chose qui avancerait en meme temps que lui.Et puis il avait envie de continuer cette plaisante conversation avec une musicienne aussi douée, tout en évitant de se faire leser d'une journée si propice à la navigation.
Son embarcation était precaire, et la demoiselle n'etait pas equipée, il allait donc devoir se retenir de faire des pointes de vitesse et des départs en monocoque, n'etait-ce que par respect pour ses affaires, et son inestimable harpe.L'utilité des combinaisons compensait ici leur esthetique contestable.Il lui presenta donc la route à suivre d'un revers de bras et marcha à deux metres d'elle, se detournant legerement pour lui epargner le spectacle de son oeil fondu baigné de larmes et sa joue brulée.
Un Hobbie Cat 16 est un engin de vitesse tres agréable, mais parfois fort agréable pour un simple trajet sans brusquerie, meme si en ces instants le catamaran paraissait vibrer de frustration.En l'occurence, son attribut principal etait de pouvoir facilement etre manoeuvré à deux et assez spacieux pour eviter la promiscuté, meme pour garantir un espace vital d'au moins un metre carré par personne.Nom de code Pygmalion lui designa d'un geste l'endroit où s'asseoir, à gauche du mat et vers l'avant, lui conseillant fortement de rester baissée jusqu'à ce que la voile soit definitivement positionnée par le vent.Par chance, la marée montante avait presque degagé son embarcation de son lit de sable, car il aurait été bien incapable de la pousser à l'eau avec une personne dessus, aussi fine soit-elle.Il poussa vigoureusement l'avant vers le large avant de bondir à bord, de l'eau jusqu'à la taille.Une fois assis à sa place, à babord et sur l'arriere, il tira la barre pour s'ecarter encore du rivage et borda la grand-voile.Le catamaran, poussé par le vent gonfla sa toile et se mit en mouvement, s'en retournant d'où il venait, laissant le ponton derriere lui.
Une fois le cap établi, nom de code Pygmalion jeta un machinal coup d'oeil à l'ensemble de son embarcation pour s'assurer que tout était comme il fallait.Il constata alors seulement que le foc claquait dans tous les sens à l'avant du bateau, et en comprit aussitot la raison.En catamaran le foc était toujours la tache de l'equipier, le bareur s'occupant lui de la grand-voile et de la barre.Par reflexe, il avait laissé son equipier s'en charger, sans réaliser qu'il n'etait pas avec un équipier mais bien une passagere.
Il lui indiqua la drisse de foc de l'autre coté du bateau et hors de sa portée si il voulait tenir la barre et demanda :
"Pourriez-vous tirer là-dessus je vous prie ?"





[HRP: Afin d'illustrer et éventuellement de preciser, voici un Hobbie Cat 16.Celui du rp possede une voile blanche et grise, et toute la coque et les voiles sont parcourues de symboles noires ésoteriques, mais la coque est bien blanche et le trampoline (tapis entre les deux coques) noir. Voici donc.

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